Déesses et femmes du bouddhisme tibétain

Exposition du 10/07/2020 au 10/01/2021

Ainsi que le savent les lecteurs assidus d’Alexandra David-Neel, celle-ci eut à cœur, dès sa jeunesse, de promouvoir la condition féminine, et elle devint une féministe convaincue. Ses écrits sur le sujet, réunis en 2003 dans l’ouvrage Féministe et libertaire, font découvrir un aspect moins connu de sa personnalité exceptionnelle, si éprise  d’indépendance et de liberté, loin des conventions alors encore bien pesantes.

En lien avec le  profond attachement qu’entretenait Alexandra pour le monde tibétain et le bouddhisme, et dont témoigne toute sa vie, cette exposition propose donc un éclairage particulier sur la place qu’occupe le féminin dans l’art sacré du Tibet. C’est ainsi qu’un choix d’œuvres peintes et sculptées, s’échelonnant du 15ème au 19ème siècle, ont été prêtées par le Musée national des arts asiatiques-Guimet, dans le cadre de la convention établie fin 2018 avec la Maison Alexandra David-Neel. Certaines pièces quittent le musée parisien pour la première fois, d’autres ne sont que rarement présentées.

Femmes et déesses occupent une place mineure dans l’art bouddhique, jusqu’au 7ème siècle environ. La seule femme d’importance qui apparaît régulièrement est la reine Maya, mère du futur Bouddha, que les artistes figurent donnant naissance  à son fils, évènement qui allait marquer l’histoire spirituelle de l’humanité.

A partir du 7ème siècle, en revanche, un nouveau courant s’épanouit dans le bouddhisme, celui du tantrisme, de nature ésotérique, né en Inde, puis adopté par le Tibet. Il porte l’épithète de « Véhicule de Diamant » ou Vajrayâna, en sanskrit, le diamant étant un emblème de pureté, de lumière et d’inaltérabilité, qualités auxquelles aspire l’esprit du pratiquant. Ses enseignements sont illustrés par une  iconographie riche de symboles, qui associe en particulier le féminin au principe de Connaissance, de Sagesse, nommée, en sanskrit prajnâ. Ce principe est fondamental dans le Vajrayâna et il  est un complément indispensable aux Moyens (upâya) mis en œuvre pour atteindre l’Eveil spirituel. Ceci contribue à expliquer l’importance et le nombre des déesses dans les représentations.

Tout comme les dieux, elles revêtent une apparence tantôt paisible, douce et souriante, tantôt dynamique, voire terrible, selon les circonstances et la fonction qu’elles ont à remplir. Dans tous les cas, elles illustrent avec éclat et beauté la place de choix devenue la leur au sein du bouddhisme ésotérique. De précieuses photographies conservées à Digne-les-Bains et des extraits d’ouvrage, dus à Alexandra David-Neel, complètent cette évocation.